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Papillons de jour

Généralités :

Parmi les insectes, les papillons de jour constituent l’un des taxons le plus étudié en France. Avec peu d’espèces (262 en France), de nombreux ouvrages pour la détermination, des connaissances fines sur leur écologie et biologie, les papillons de jour constituent un groupe de choix pour l’étude des espaces naturels. Considérés comme espèces bio-indicatrices, leur étude apporte des informations pour la plupart des milieux ouverts à semi-ouverts.

Les Papillons de jour (Rhopalocères) font partie de la famille des Lépidoptères, qui comprend aussi les papillons de nuit (Hétérocères). Ce sont des insectes holométaboles, c’est-à-dire qu’au cours de leur développement, ils passent par différents stades successifs, et notamment par un stade immobile, ici la chrysalide. Les papillons passent donc par 4 stades au total : l’œuf, la larve (chenille), la chrysalide, et l’imago.

Les 4 stades successifs du Flambé (Iphiclides podalirius). Crédits Photos : Paulin Mercier

Les adultes (imagos) sont des pollinisateurs. Munis d’une longue trompe enroulable, ils butinent le nectar disponible dans les fleurs pour se nourrir. Tout comme les Hyménoptères ou les Diptères, le rôle des Lépidoptères dans la pollinisation des plantes est primordial.

Au stade de chenille, ce ne sont plus les fleurs et le nectar qu’elles contiennent qui intéressent les Rhopalocères, mais bien les feuilles de diverses espèces végétales. Les plantes qui nourrissent les chenilles sont appelées des « plantes hôtes », et bien souvent, chaque espèce de Rhopalocères va avoir ses préférences pour telle ou telle espèce végétale. Certaines chenilles vont avoir un régime spécifique, et ne consommer qu’une seule et unique plante. Elles sont dites monophages, en opposition aux espèces polyphages, qui se nourrissent de plusieurs espèces de plantes.

Chenille du Paon du jour (Inachis io) à gauche et du Fluoré (Colias alfacariensis) à droite. Crédits Photos : Paulin Mercier

De ces liens entre plantes et papillons découle une interaction plus ou moins forte entre le papillon et son habitat. Certaines plantes communes et cosmopolites, comme l’Ortie dioïque, poussent dans de nombreux milieux. De cette plante dépend l’existence de 4 de nos plus belles Vanesses : Vulcain, Paon du jour, Petite Tortue, la Carte géographique, et bien plus encore chez les papillons de nuit ! Ces éléments mettent en avant le lien étroit entre l’habitat, les plantes et les papillons de jour, et on comprend ainsi que l’altération, ou au contraire la préservation d’un biotope aura un effet sur les cortèges de plantes, et donc de Rhopalocères.

Ponte d’une femelle de Carte géographique sur Ortie dioïque et œufs de cette même espèce. Crédits Photos : Paulin Mercier

Les papillons de jour en Deux-Sèvres :

Fort des 4 précédents atlas régionaux publiés, les naturalistes du Poitou-Charentes se sont à nouveau réunis entre 2008 et 2016 pour étudier et rechercher les papillons de jour dans toute la région. Au total, on dénombre 122 espèces en Poitou-Charentes, dont 99 en Deux-Sèvres. Cet atlas, coordonné par DSNE pour sa fédération pendant ces 9 années et dans la prolongation du travail réalisé par Robert Levesque, cumule près de 260 000 données pour la région, ce qui en fait l’un des atlas régionaux les plus complets en France.

Plusieurs espèces ont été découvertes ou redécouvertes durant cette période d’inventaire, et malgré tous les efforts déjà fournis, il reste encore des champs d’investigation sur les Rhopalocères en Poitou-Charentes, et notamment en Deux-Sèvres (affiner les aires de répartitions du Soufré/Fluoré et des diverses espèces de Pyrgus par prélèvements, de rechercher des sites de reproduction pour le Morio…).

Nous dénombrons en Deux-Sèvres 4 espèces protégées en France : Le Damier de la Succise, la Bacchante, Le Cuivré des marais et l’Azuré du serpolet. Il y a encore de ça quelques années, le département en comptait 3 de plus (Le Fadet des laiches, l’Azuré de la pulmonaire et l’Azuré de la Sanguisorbe), aujourd’hui éteintes suite à la régression de la qualité des zones humides en Marais poitevin ainsi qu’en Mellois.

Le Cuivré des marais (Lycaena dispar) et l’Azuré du serpolet (Phengaris arion), 2 espèces protégées en France et présentes en Deux-Sèvres. Crédits Photos : Paulin Mercier

Les connaissances acquises durant ces inventaires constituent une base solide pour envisager leur protection. Pour poursuivre ce travail, une Liste Rouge Régionale a vu le jour en 2019 afin de classer les espèces selon leur risque d’extinction à court terme dans la région. Ce document fait état d’une situation inquiétante en Poitou-Charentes, avec 3 espèces ayant disparu de la région, 28 étant menacées d’extinction (24%) et 21 quasi-menacées (18%).

Ces résultats s’expliquent par de nombreuses menaces qui pèsent sur les Rhopalocères, et d’une manière plus générale sur les insectes. Nous pouvons entre autre mentionner l’intensification de l’agriculture, l’artificialisation des paysages, la gestion forestière, le dérèglement climatique ou encore les phénomènes naturels. La quasi-totalité de ces menaces découlent des actions de l’Homme, et il devient urgent d’enrayer ce processus d’appauvrissement biologique.

Pour faire face à cette situation, Deux-Sèvres Nature Environnement continue d’œuvrer pour améliorer les connaissances (via la gestion de la base de données nature79.org), former le public à leur observation (sorties nature, programmes pédagogiques) et préserver les sites les plus remarquables (chantiers participatifs, intervention du CEN NA, appui aux gestionnaires d’espaces naturels…).

Comment agir :

 Si vous souhaitez vous engager pour la préservation de ces insectes, plusieurs possibilités s’offrent à vous :

  • Partager vos observations sur la base de données Nature79.org afin d’améliorer nos connaissances sur les papillons. Vous pouvez vous aider pour l’identification des espèces en utilisant ces documents à votre disposition (Nature79)
  • Mettre en place une gestion adaptée dans votre jardin ou vos espaces naturels, laisser des plantes sauvages pour accueillir les papillons ou les chenilles des Rhopalocères, espacer les tontes du jardin dans le temps pour permettre le développement complet des plantes et des chenilles.
  • Inciter votre commune à pratiquer la fauche tardive sur les espaces verts et bords de chemins communaux.